PIOGGIOLA 1 (Giussani) : son patrimoine religieux (juillet 2021)

 

Avant tout,  remercions vivement M. le Maire Antone Casanova, et la première adjointe Mme Luiggi pour leur accueil et leur disponibilité en juillet 2021.

 

Grâce à cette dernière, nous avons pu visiter tous les édifices des hameaux de la commune, l'église paroissiale et la chapelle de la Confrérie Sainte-Croix.

 

Présentation de la commune

 

Pioggiola constitue avec Olmi Cappella, Vallica et Mausoleo la micro-région du Giunssani, ancienne pieve qui  dépendait du diocèse de Mariana et Accia. Aujourd'hui le village fait partie du canton de Belgodère.

 

Pioggiola est une commune de montagne (à environ 1000 m d'altitude) : elle est entourée de hauts sommets : le Monte Grosso,  le monte Padro, le San Parteo, plus loin le Cinto.

 

Dès qu'on franchit la Bocca de la Battaglia (1099 m) on découvre les forêts de châtaigniers, de chênes pubescents et plus loin les pins laricios de la forêt de Tartagine.

 

 

La commune, la plus haute du Giussani - est composée des hameaux de Forcili - l'ancien village historique - , Tombolacce, Calchisalti (Casali alti), ; Bornolacce en est le quartier principal où se trouve la mairie. 

 

Chacun de ces hameaux possède une chapelle.

 

L'église paroissiale dédiée à l'Assomption est magnifiquement située à l'écart sur un tertre et fait face à la chapelle de la Confrérie Sainte-Croix. 

 

Pioggiola est connue aussi pour A Stazzona, lieu des rencontres théâtrales internationales fondées en 1998 par Robin Renucci, et pour le concours des campanari créé en 1985 par Santu Massiani, Antoine-Jean Luiggi et Sistu Carboni, qui réunit chaque année les sonneurs de cloches venus de toute la Corse.

 

Interrompue en 2003, cette tradition a été reprise en 2021. Cette année, une tombola était organisée pour aider la municipalité à rénover le clocher et à l'agrémenter d'une 4ème cloche.

 

 


 

L'EGLISE PAROISSIALE SANTA MARIA ASSUNTA

 

1797 date gravée sur le montant de la porte latérale
1797 date gravée sur le montant de la porte latérale

 

L'histoire de sa construction

 

Fin du XIIIè s.

 

Oreste Tencajoli, Chiese in Corsica, (op.cit. p.248) date la construction des murs de la nef centrale et de son toit de bois recouvert de lauzes, de la fin du XIIIè s. après la destruction, entre 1220 et 1280, d'une église dédiée à Santa Marta qui se dressait dans le hameau de Gatigliana, sur les pentes du Monte San Parteo, et lui-même détruit à la même époque.

 

XVIIè s.

 

La voûte date de 1635 (acte du notaire Luzio Colombani).

En 1646, Mgr Marliani lors de sa visite pastorale indique qu'elle est loin d'être terminée (elle ne présente à cette date qu'un autel et des fonts baptismaux) et manque de mobilier sacré. 

 

XVIIIè s.

Il en fut ainsi jusqu'à la Révolution, hormis, dans la première moitié du XVIIIè s. l'ajout d'une modeste chapelle dédiée à Saint Roch, côté Evangile. 

 

On présume la construction d'un petit clocher adossé à la sacristie vers 1744, comme en témoigne l'achat de  cloches à Gênes.

 

En 1795, le maître-autel est remplacé dans le style baroque. A l'époque, Tencajoli signale la présence d'une toile italienne montrant la Madonna del Carmine, San Rocco et San Parteo.

 

XIXè s.

 

EN 1797 : la sacristie.

En 1801, le campanile est démoli et remplacé par l'actuel construit par le maître maçon Carlo Bassi "che fece una cosa non priva di eleganza".

 

En 1874, l'entreprise Eugène Baudoin de Marseille livre de nouvelles cloches pour 4000 francs, dont la plus grosse, tombée du clocher et fêlée, sera refondue en 1920 par un certain Ferri.

 

Nicolas Mattei (Le Baroque religieux en Corse, op.cit. p.475) reprend l'enquête de 1905 dressant l'inventaire du patrimoine religieux après la séparation de l'Eglise et de l'Etat, en soulignant quelques contradictions avec les inventaires du XVIIIè s.

Enfin, Madeleine Allegrini a restauré l'église en 1982

 

La nef et le maître-autel


 

L'arc triomphal qui délimite le choeur est orné d'un cartouche en forme de coquille baroque où l'on lit : Veni de Libano sponsa mea : Viens du Liban mon épouse, (Cantique des Cantiques 4, 8) 

 

Peinture murale de Tony Casalonga en 1979 représentant Saint Pancrace dans un paysage pioggiolais

 

"Il (le Seigneur) a béni tes enfants en toi (lui qui a établi la paix comme ta fin)" : citation de la Cité de Dieu de Saint Augustin, s'adressant à Jérusalem (livre XIX,9) à propos du bonheur de la paix universelle fin suprême  et véritable perfection des saints, qui doit unir la Cité de Dieu terrestre et la Cité de Dieu céleste.

 

L'orgue de Saladini
L'orgue de Saladini

 

Cet orgue traditionnellement décoré de l'effigie de Sainte Cécile a été réalisé en 1844 par le facteur d'orgues Anton-Pietro Saladini, qui a beaucoup oeuvré en Corse. Il a été restauré en 1996 par Alain Sals.

 

Il présente la particularité d'abriter dans son montant droit les fonts baptismaux. (voir notre page Les Fonts baptismaux dans les églises corses

 

Les fonts baptismaux dans le montant de l'orgue
Les fonts baptismaux dans le montant de l'orgue
L'autel des Ames du Purgatoire
L'autel des Ames du Purgatoire
Pioggiola - Les âmes du Purgatoire
Pioggiola - Les âmes du Purgatoire

 

L'autel Saint-Pancrace

 


 

Le culte de Saint Pancrace (San Brancà)

 

 

Très intrigués par ce gant ? ou ce bras ? et ce masque ou tête ? portés par les putti qui entourent le décor peint de Tony Casalonga, nous avons posé la question à Michel-Edouard Nigaglioni qui bien sûr avait la bonne réponse !

 

Il nous dit :

 

"En fait, le culte de Saint Pancrace, à Pioggiola, a revêtu un aspect très particulier !

 

On a conféré à la statue du saint, des vertus miraculeuses …

 

Bref, elle a attiré des pèlerins, des malades et des infirmes de toute la région …

 

Les guérisons miraculeusement obtenues ont suscité le don de magnifiques ex-voto.

 

C’est ainsi que la chapelle latérale consacrée au saint et à sa statue s’est retrouvée encombrée d’un très grand nombre d’ex-voto : des cannes et des béquilles à profusion … mais aussi des représentations de la partie du corps qui avait guéri : mains, pieds, têtes, ventres …

 

Les ex-voto anatomiques étaient en bois peint ou en cire …

 

Beaucoup se sont abîmés et ont fini par disparaître … mais il en reste encore une belle collection.

 

Les angelots de la voûte sont figurés avec des ex-voto anatomiques dans les mains".

 


Ex-votos anatomiques (cl. ME Nigagloini)
Ex-votos anatomiques (cl. ME Nigagloini)

Elizabeth Pardon d'ajouter : 

 

"On avait laissé le choix à Tony Casalonga ou de peindre la Vierge de l'Assomption ou notre Branca favori ; il a choisi Pancrace et parait-il que les personnages qui l'entourent sont des gens du village de l'époque.

 

J'ai bien connu tous ces ex-votos en place, y compris les sabres. Et j'ai souvent fait la messe de St Pancrace le 12 mai où je voyais arriver à pied d'Ile Rousse l'ami Pancrace qui en avait fait le voeu s'il obtenait en mariage sa belle Mimi (c'était à Pioggiola un sacré bon saint marieur bien connu des alentours, d'où une belle affluence le jour de sa fête)".

 

(Rappelons l'adresse de son blog dont on a déjà dit le plus grand bien)

 

http://elizabethpardon.hautetfort.com/

 

Les ex voto à Saint Pancrace


 

 Tempi fà : les fêtes religieuses, cette somme, réalisée par Pierre Jean Luccioni et Ghiasippina Giannesini (Ed.Albiana, pp 434-439), décrit largement la fête de San Brancà de Pioghjula le 12 mai, (avec photos et témoignages) qui attirait une foule venue de toute la Balagne, d'Asco, de l'Ostriconi prier ce saint guérisseur qui protégeait bergers et petits voleurs et formaient les couples !

 

A noter : la statue de Saint-Pancrace a été restaurée par Renato Boi restaurateur ligure agréé par le patrimoine historique de France.

 

 


 

Les reliques de San Parteo et Santa Restituta

 


 

Les décors peints de Luigi Brunetti (1843)

 

L'Assomption dans un médaillon cerné de feuilles d'acanthe , sur la voûte décorée de rosettes en trompe l'oeil
L'Assomption dans un médaillon cerné de feuilles d'acanthe , sur la voûte décorée de rosettes en trompe l'oeil

 

Psaume 22 : Ad te clamaverunt et salvati sunt, in te speraverunt et non sunt confusi ("Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés; Ils ont espéré en toi, et ils n'ont pas été confondus").

 

Les Vertus - Charité et Espérance
Les Vertus - Charité et Espérance
Charité et Force
Charité et Force

 

LA VIERGE AU ROSAIRE AVANT ET APRES RESTAURATION

 

La Vierge en 2012 dans la Casazza
La Vierge en 2012 dans la Casazza
La Vierge restaurée en 2021 par Renato Boi
La Vierge restaurée en 2021 par Renato Boi