LA NATIVITE DE MONACIA D'OREZZA

 

 

Pour compléter la page consacrée à la Nativité dans les églises corses, attardons-nous sur le tableau de l'Eglise Sainte-Lucie de Monacia d'Orezza.

 

(lien vers La nativité dans les églises corses)

 

 

 

On peut penser que ce tableau est une copie de Carlo Maratta peintre romain (1625-1713) dont les oeuvres ont été beaucoup copiées en Corse grâce à la diffusion des gravures. A moins que le tableau qui suit ne soit lui-même une copie ...

 

 

Carlo Maratta-l'Adoration des bergers- Oxford-St Anna's college-cliché internet
Carlo Maratta-l'Adoration des bergers- Oxford-St Anna's college-cliché internet

 

 

Au premier plan à gauche un berger de haute stature au dos musculeux est vêtu d’un long manteau au drapé rouge sur un vêtement foncé qui découvre son dos et est retenu à la taille par ce qui semble être une peau de bête.

 

Il est vu de dos et agenouillé devant l’Enfant Jésus. On aperçoit à gauche de sa tête ses deux mains levées à demi jointes. La rusticité de son apparence – on voit la plante sale de son pied droit - évoque le Caravage (les Pèlerins d’Emmaüs).

 

 

 

 

Au deuxième niveau à gauche un berger (dont on ne voit que la tête et la jambe en bas à gauche de la toile) tient un agneau dans ses bras dont on ne distingue que la tête ; il fixe avec ferveur l’Enfant Jésus.

 

Cheveux crépus et carnation foncée évoquent une ethnie moyen-orientale.

 

 

 


 

Au-dessus du berger une jeune bergère, de buste, tient sur sa tête, dans un gracieux geste arrondi des bras, une corbeille d’où émergent un tissu et deux colombes. Elle regarde en plongée l’Enfant Jésus.

 

Ces présents des bergers symbolisent l’innocence et la pureté en même temps qu’ils évoquent le Christ et le Saint-Esprit.

 


 

 

A droite de la toile se dresse en pied Saint Joseph en appui sur la jambe gauche et la jambe droite fléchie et musclée ; il tient son bâton dans la main gauche ; il fixe le regard sur Jésus et présente sa main droite ouverte et tournée vers le spectateur.

 

 

 

 

 

En plein centre de la toile la Vierge vêtue d’un voile bleu et la tête nimbée, se penche sur l’Enfant qui repose sur la paille et qu’elle soutient dans ses bras en même temps qu’elle le présente.

 

La Vierge est une jolie jeune femme aux cheveux châtains coiffés en bandeaux et à la poitrine généreuse. De sa main gauche elle a sans doute écarté le lange pour révéler aux hommes le Messie.  

 

L’Enfant Jésus est un beau bébé aux joues vermeilles et au corps dodu qui agite ses mains, le regard fixé sur le visage de Marie mais aussi en direction de Joseph vu la disposition des personnages.

 

Le visage de la mère et du Fils sont éclairés et sollicitent tout de suite le regard.

 

 

 

 

Au troisième niveau, un angelot agite un encensoir sur la scène en compagnie de 2 angelots sans corps. (voir plus bas le mot de l'expert !)

 

La scène s’inscrit dans un effet de nuée sombre qui forme grotte ou abri et s’ouvre sur la droite sur un extérieur indéterminé, un ciel nuageux sans doute. Différent de la crèche traditionnelle, ce décor confère une atmosphère intime

 

On peut observer deux diagonales qui se croisent sur l’Enfant et le jeu des regards et la composition des trois têtes des bergers disposées en cercle et qui ferment la scène. Les personnages forment un cercle intime autour de l’Enfant.

 

Le mouvement des drapés et des tissus aux coloris chauds animent gracieusement la scène.

 

 

 

 

Le dos musculeux et nu du personnage du premier plan fait penser aux tableaux des Ames du Purgatoire inspirés de Maratta ou Reni. On le retrouve dans la toile suivante.

 

Le mot de l'expert (Michel-Edouard Nigaglioni) : ce tableau a été restauré mais il est dommage que la restauration ait transformé en un nuage sans intérêt la navette à encens que porte l'angelot de droite sur l'original.

 

 

Monacia d'Orezza
Monacia d'Orezza
Carlo Maratta
Carlo Maratta

Carlo Maratta-Adoration des bergers- 1690-Musée de  l'Hermitage cliché internet
Carlo Maratta-Adoration des bergers- 1690-Musée de l'Hermitage cliché internet

Ainsi que dans cette gravure inversée due à de Poilly :

d'après Carlo Maratta-de Poilly graveur- 1729-Abbeville Musée Boucher de Perthes-cliché RMN
d'après Carlo Maratta-de Poilly graveur- 1729-Abbeville Musée Boucher de Perthes-cliché RMN