IV. ASCO :  L’EGLISE SAINT-MICHEL- ARCHANGE :

 

1ère partie.

 

 

L'HISTORIQUE

  

Depuis le XVIè s au moins, les évêques parcouraient les villages de leur diocèse pour faire un état des lieux : inspection du clergé, contrôle du respect des pratiques, description et inventaire des lieux et objets du culte, relevé des messes et autres cérémonies religieuses.

 

D’après la relation de ces visites pastorales (visite pastorale de Monseigneur Marliani, évêque de Mariana et d'Accia en 1646 et visite de ce même diocèse en 1740 sur délégation de Monseigneur Saluzzo évêque, (cf BSSHNC 1890), l’église paroissiale primitive, alors consacrée à Sant’Angelo, était située à plusieurs kilomètres d’Asco

Visite pastorale 1646
Visite pastorale 1646
Visite pastorale 1760
Visite pastorale 1760

 

Construite au XVIe siècle d’après l’estimation de Geneviève Moracchini-Mazel (in Les Eglises romanes tome 2), elle fut jugée trop lointaine pour les paroissiens, et fut officiellement remplacée par la chapelle Saint-Nicolas en 1711, érigée au coeur du village.

 

L'acte notarié ci-dessous, relevé aux Archives départementales, fait mention en 1715 de Saint-Nicolas.

 

On peut encore voir les ruines de cette chapelle située à 929 mètres d'altitude au nord du village. Elle se trouve sur le parcours d'un chemin de randonnée.

 

Asco-chapelle Sant'Angelo-cl.m3c
Asco-chapelle Sant'Angelo-cl.m3c

 

Décryptage par M. Thierry Vincentelli originaire de Castifao, Trésorier de Corsica genealugia et spécialiste de généalogie :

 

Selon cet acte du 13/10/1715 rédigé par le notaire Giuseppe Trojani, les 2/3 de la population d'Asco se sont réunis devant l’église (SAN NICOLAIO) pour constater solennellement l’état de délabrement et de misère dans lesquels se trouve l’église paroissiale. Ils ont décidé de renoncer à toutes les armes à feu dont ils n’ont pas besoin pour survivre (sans doute en vue de se cotiser pour la rénovation de l’église) et d’envoyer un représentant pour plaider leur cause devant l’administration génoise. 

 

Il existe d'ailleurs une ancienne carte postale qui a comme légende le clocher Saint Nicolas de l'église d'Asco.

 


 

Cette chapelle devint, par la suite, l’église paroissiale, sous le vocable de Saint-Michel-Archange :

 

"certainement avant le 5 mars 1792 - IVè année de la Liberté et par une élection publique où dominait la majorité de l'élément populeux venu de l'ancien Sant Angelo : 825 habitants (François Trojani, Autour de l'église d'Asco, p.10)"

 

Comme l'atteste le compte-rendu en italien d'un inventaire de l'église Saint Michel d'Asco établi en 1760, on ne sait rien de l'édification de cette église.

 

"La chiesa parochiale di San Michele Arcangelo è stata fondata ab antiquo e non vi è memoria di quando e come si è fondatata ne meno si sa da Parrochiani esser stata consagrata."

 

L'église paroissiale Saint Michel d'Asco a été construite dès l'antiquité et il n'y pas de souvenir de quand ni de comment elle a été fondée et on ne sait pas non plus si elle a été consacrée par les paroissiens".

  

 

Dans l'inventaire qu'il a rédigé en 1905, l'abbé François Trojani confirme qu'aucun document ne précise la date d'érection de l'église d'Asco dont l'origine "se perd dans la nuit des temps".

 

 

Néanmoins des travaux conséquents ont été entrepris dans cette église. En témoigne ce devis pour des travaux d'agrandissement et de rénovation :

 

Cliquer sur les images pour les agrandir

 

Comme on le voit sur les images, la date de délivrance de ce devis a été rognée ! Mais une délibération du conseil municipal d'Asco datée du 25 décembre 1898 nous permet de dater ces travaux autour de 1900.

 

Dans ce document ci-dessous, le conseil municipal remercie chaleureusement l'abbé Trojani pour tous ses efforts accomplis pour l'église : charpente, voûte, toiture, pavage remis à neuf ; cloches restaurées ; acquisition d'un beau chemin de croix daté de 1896, oeuvre du peintre Morazzani.

  

Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

 

 

Si l'on se reporte à l'inventaire, l'église n'a rien perçu des instances administratives pour ces travaux et son entretien. Ce sont les paroissiens ("mantenuti da popolo") et la fabrique qui ont tout fait.

 

Selon Oreste Tencajoli, cette église serait l'un des plus anciens édifices de l'île (Chiese di Corsica, 1936, p.14) :

 

"Nulla conosciamo intorno all'epoca della sua costruzione, quantunque non sia fuor di luogo di dire che essa fu una delle prime chiese edificate nell'isola".

 

"On ne sait rien de l'époque à laquelle remonte son édification, mais il n'est pas exagéré de dire qu'elle fut l'une des premières églises construites sur l'île".

 

Ce que note aussi la légende d'une ancienne carte postale.

 

 

C’est à l’abbé François Trojani prêtre d’Asco (1885-1934) que l’on doit des informations précieuses sur l’histoire de l’église grâce à sa brochure intitulée Autour de l’église d’Asco, publiée en 1922 (Imprimerie Mazel) et dédiée à son grand-oncle le célèbre Padr’Asco, l’abbé Joseph Parsi.

 

 

La description que fait l’abbé Trojani, n’est guère enthousiaste : « Très massive et fort lourde dans sa construction, sans style ni caractère, apparaît l’actuelle église d’Asco.

 

Seul le clocher à trois cloches qui la surmonte assez élégamment semble lui donner un peu de relief dans son idée cultuelle » (F. Trojani, op.cit p.11)

 

"Il campanile adossato alla facciata conferisce all'edificio un certo rilievo: (O. Tencajoli, op. cit. p.34)

 

C’est en effet un beau clocher en pierres apparentes, qui surmonte cette église.

 

 


 

 

L’Eglise Saint-Michel Archange aujourd’hui

     

     

La façade très simple présente trois portes.

 

 

 

La porte principale est surmontée d’une petite niche qui abrite la statue de Saint-Michel. Au-dessus de la porte et à l’aplomb du faîte du toit à deux pans, a été percée une fenêtre rectangulaire vitrée.

 

 

Les conscrits posant devant l'église
Les conscrits posant devant l'église

 

L'ancienne porte de l'église, que l'on peut voir sur la photo, ci-dessus avec les conscrits, a été remplacée au début du 20è siècle.

 

La nouvelle porte a été sculptée  par un menuisier ébéniste italien Rocco Deghetto, originaire de Borca di Cadore en Vénétie (1838-1903), qui épousera une Ascolaise et s'installera à Asco.

 

1) LA NEF ET LE CHOEUR

 

La nef

 

De part et d’autre de la nef centrale et séparées d’elle par des arcades ouvertes en plein cintre, deux nefs latérales abritent quatre autels secondaires.

 

La nef de gauche dans laquelle on pénètre par la petite porte extérieure est prolongée par « la Casaccia où les Confrères récitaient leurs offices en des stalles assez bizarres » (F. Trojani, op.cit. p.11). D’où ce plan légèrement asymétrique. 

Plan : Daniel ALEXANDRE - Annotations : Jean-Etienne GUERRINI
Plan : Daniel ALEXANDRE - Annotations : Jean-Etienne GUERRINI

 

 

Dans cette nef les bancs des fidèles sont curieusement disposés perpendiculairement à la nef centrale (était-ce cette disposition qui justifia l'adjectif "bizarre" ?) ; ces bancs étaient réservés aux hommes.

 

 

Au fond de la nef de gauche, dans "a casazza", une porte, aujourd'hui condamnée, ouvrait sur la sacristie vraisemblablement ajoutée tardivement, à laquelle on accède actuellement par une porte située dans le choeur à gauche.

 

Derrière le maître-autel, s'ouvre une porte qui donne sur l'extérieur et l'ancien presbytère. Elle est surmontée d'une fenêtre qui éclaire l'abside.

 


 

L’abside

 

A fond plat, elle ménage derrière l’autel un espace de quelques mètres qui servait à l’origine de sacristie comme le précise l’abbé Trojani (op.cit. p.11).

 

 

L’autel majeur et le choeur

 

Une balustrade en fer forgé ferme le chœur auquel on accède par quelques marches.

 

La table d’autel est surmontée de trois gradins dont le dernier se prolonge à l’horizontale de chaque côté du chœur ménageant ainsi deux passages, clos par des rideaux, vers l’abside.

 

 

 

L’autel, selon la typologie établie par N. Mattei (BREC,op.cit.p.275) appartient à la catégorie des autels dits « en arc de triomphe », structure modeste comparée à d’autres églises plus imposantes, mais quand même.

     

L’autel en forme de sarcophage est en maçonnerie et recouvert de stucco lustro rouge imitant le marbre : un effet de palmes sur les côtés, et au centre un cartouche en forme de cœur, veiné et de couleur verte est cerné par une décoration de stuc ornée au sommet d’une tête d’angelot.

 

 

Le tabernacle orné de volutes en stuc montre une tête d’angelot au-dessus de sa porte et est surmonté d’un édicule formant piédestal.

 

 

 

 

Jusqu’à il y a peu c’est la statue de Saint-Michel qui dominait l’autel mais elle a été remplacée par un crucifix comme c'est le cas dans la plupart des églises.

 

 

ASCO - 1961 - L'abbé Paoletti célébrant un mariage - L'autel est surmonté par la statue de Saint Michel (cliché personnel)
ASCO - 1961 - L'abbé Paoletti célébrant un mariage - L'autel est surmonté par la statue de Saint Michel (cliché personnel)
Saint Michel trônant sut l'autel
Saint Michel trônant sut l'autel
Le Christ a remplacé saint Michel
Le Christ a remplacé saint Michel


 

2) LES AUTELS LATERAUX (gauche)

 

L’autel de Sainte Lucie

 

Le premier autel en entrant à gauche est dédié à Sainte Lucie

 

Dans une niche vitrée, une statue saint-sulpicienne assez banale représente la sainte dont la dévotion est extrêmement  répandue en Corse.

     

Ici le symbole traditionnel du martyre de Sainte Lucie, les yeux présentés dans une coupe, est décliné dans toute l’église : dans les stucs qui surmontent la niche, dans le piédestal de sa statue (yeux de verre qui émergent du bois sculpté) et dans une peinture de la voûte.

 

 

Autel Sainte Lucie
Autel Sainte Lucie

 

L’autel du Sacré-Cœur

 

     

Cet autel, à l'origine, était dédié à Saint-Michel-Archange (cf. F. Trojani, op.cit. p.11).

 

Mais dans le périodique mensuel Les Cloches de l'Asco publié dès 1936 à l'initiative de M. De Champlain, curé canadien de la paroisse, on peut lire dans un article consacré à la restauration de la chapelle du Sacré-Coeur :

 

"pour une belle statue du Sacré-Coeur, une belle chapelle convient. La belle statue est trouvée, la chapelle aussi puisque Saint-Michel a repris sa place au milieu de l'église ... "

 

L’autel du Sacré-cœur est relativement élaboré : une statue est installée dans une niche qui fait saillie sur le mur extérieur  ; au sommet, une semi-coupole entourée d’un retable en maçonnerie : deux colonnes engagées aux chapiteaux ioniques (cornes de béliers ou cheveux de femme) ; une frise de petits carrés saillants traverse l’entablement ; les rampants du fronton interrompu caractéristique du baroque se terminent par des volutes.

 

Dans la niche trône une statue du Christ au Sacré-Cœur.

 

Cette statue a été installée dans l'église en grande cérémonie, comme l'atteste encore un article de juillet 1936 du mensuel Les Cloches de l'Asco, intitulé "un fait historique sans précédent". 

 

Note : l'abbé Gérard de Champlain, curé canadien, a succédé  à l'abbé Trojani en 1935 (article Bastia Journal du 6 juin 1935. Curé d'Asco de 1935 à 1940.

 

 

Autel du Sacré Coeur
Autel du Sacré Coeur
ASCO - Procession avec la statue du Sacré-Coeur
ASCO - Procession avec la statue du Sacré-Coeur

 

L'ancienne carte postale ci-dessus (époque 1940),  semble correspondre à la description faite dans l'article.

 

Il nous semble en effet reconnaître sur la droite, missel sous le bras, le jeune - à l'époque - curé Paoletti (Paletti dans l'article) qui officiera à l'église Saint-Michel d'Asco de 1950 à 1984.

 

A cette époque la paroisse était administrée par le curé Nonce Cacciaguerra.

 

Un autre article de 1936 du même périodique "Les Cloches de l'Asco" nous apprend que cette statue a été offerte par un couple d'Ascolais, Mme et M. Noël Carboni.

Assis sur un siège à accoudoirs figurant le bois et ornés d’une boule, ce Christ blond est vêtu d’un manteau drapé rouge sur une robe blanche ; la main droite pendante, il désigne de la main gauche son cœur entouré de flammes.

 

C’est peu courant de figurer le Sacré-Cœur assis. Est-ce cette caractéristique qui fit dire à l'auteur de l'article que cette statue était  " - encore unique en Europe - " ?

 

Le Sacré-Coeur est généralement debout dans l’esthétique saint-sulpicienne et c'est dans cette position que nous l'avons toujours trouvé dans les églises que nous avons visitées.

 

La position haute de la niche crée un effet de contre-plongée et ce beau christ blond aux joues et aux paupières roses porte son regard au loin avec douleur et majesté …

 

 


 

 

L’autel Sant'Antonio Abate

 

 

Dans le prolongement des deux chapelles citées apparaît "finalement la chapelle de Saint-Antoine Grand [dit aussi] du désert. C'était la Casaccia..." (F.Trojani, op.cit.p.11)

 

C'est à cet endroit que se trouvent "les six pierres tombales [l'arca en corse] recouvrant les caveaux , où les cadavres étaient jetés "alla rinfusa", dans un pêle-mêle macabre avant 1800." (O Tencajoli, p.35).

 

Saint Antoine abbé ou du désert, nous le verrons, est très honoré en Corse.

 

 

3) LES AUTELS LATERAUX (droite)

 

 

L’autel Saint-Antoine de Padoue

 

Ornée de stucs qui font la part belle au motif de la fleur de lis, une niche vitrée abrite une statue sulpicienne de  Saint-Antoine de Padoue qui porte au bras l'Enfant Jésus. Le saint est muni de ses attributs habituels le livre et la fleur de lis.

 

L’Enfant Jésus, assis sur le livre, blottit son visage dans le cou du saint et brandit dans sa main gauche le lis de la pureté.

 

Sur la porte vitrée de la niche, la traverse horizontale porte les lettres G et S. (?)

 

 

Autel Saint Antoine de Padoue
Autel Saint Antoine de Padoue

 

 

L’autel du Rosaire

 

La structure de l’autel semble bien relever de l’esthétique baroque telle que la décrit N. Mattei.

  

De gracieuses décorations en stuc figurent un retable dont le fronton s’orne de la colombe du Saint Esprit entourée de deux angelots, bras ouverts , le torse ceint d’une sorte de baudrier et vêtus de drôles de petits pagnes.

 

Le tableau d’autel représente la Remise du Rosaire par la Vierge et l’Enfant à Saint Dominique et à Sainte Catherine de Sienne.

 

 

 

Autel du Rosaire
Autel du Rosaire

 

 

La dévotion au Rosaire est relativement récente et très répandue dans les églises corses (pour plus de détails cf N. Mattei, BREC, op.cit. Les autels de la mort p. 353 ss).

 

ME Nigaglioni attribue le tableau d’Asco à Francesco Carli. Voici ce qu’il écrit sur ce peintre dans son Encyclopédie des  peintres …) (EPAC, op.cit.p. 78)

 

"Francesco Carli : peintre principal de l’école castano-balanine de la fin du XVIIIe siècle, né en Toscane, dans l’état de Lucques, vers 1735. Il s’installe très jeune en Corse dans le village de San Lorenzo (Castagniccia) où il épousa Antonia Maria Franceschi,  originaire du hameau de Borgo. (…) C’est l’un des peintres les plus productifs de l’école corse ; on lui doit plusieurs centaines d’œuvres. Carli est totalement acquis aux canons du Rococo européen".

 

Le tableau d’Asco présente l’avantage d’être daté, grâce au cartouche qui indique le nom du donateur.

 

D’après ME Nigaglioni, Carli signait et datait rarement ses œuvres.

 

 

 

1785 NUNZIO MARIA GUER(R)INI FARE FECIT P.S.D (Pro Sua Devozione)
1785 NUNZIO MARIA GUER(R)INI FARE FECIT P.S.D (Pro Sua Devozione)

 

L’iconographie de l’image centrale est conventionnelle : Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne sont les plus fréquemment représentés sur les tableaux du Rosaire.

     

Ici la Vierge « posée » sur des nuées dodues tend avec grâce le rosaire à Saint Dominique. Debout sur les genoux de sa mère et bien planté sur ses jambes, l’Enfant Jésus confie le sien à Sainte Catherine et bénit le monde de sa main droite.  

  

La Vierge est ravissante : sa chevelure blonde, son visage délicatement fardé, sa tête légèrement inclinée, sa main aux doigts fins et déliés sont caractéristiques de la manière de Carli.

 

Elle est vêtue d'un manteau bleu qui se gonfle à gauche, créant ainsi un bel équilibre avec les nuées qui se déploient à droite et de bas en haut.

 

Elle porte une couronne fermée comme en portent les rois : un cercle surmonté d’arcs qui se rejoignent sous un bonnet de velours rouge, en un sommet qui ressemble à une fleur de lis surmontée d'une petite croix.  

     

Le mot de M-E Nigaglioni :  

     

Les rois de France utilisaient un bonnet de velours bleu. En Angleterre, le bonnet est doublé d'hermine (comme la cape), il dépasse parfois à la base de la couronne et à cet endroit il est retroussé pour faire voir la fourrure. 

     

 

Le symbole du lis de la pureté est repris par la fleur aux pieds de Saint Dominique et à la main de Sainte Catherine. Les deux saints sont revêtus de l’habit noir et blanc des Dominicains.

 

Le crâne du saint porte la tonsure romaine dont la rigueur est égayée d’une choupette blonde du meilleur effet.

 

 


 

 

 

Autour du tableau se déclinent les mystères (voir N.Mattei, BREC, op.cit, Les tableaux de la remise du rosaire pp 354-355) : tableautins "qui en Corse font presque toujours le tour de l'image centrale par le haut ... "représentant les 15 mystères, joyeux, douloureux et glorieux, qui illustrent la vie du Christ et de la vierge.

 

"Le premier mystère, l'Annonciation est en bas à gauche ; le dernier, le Couronnement de Marie, en bas à droite. Les mystères joyeux sont à gauche de l'image centrale, les douloureux au-dessus, les glorieux à droite."

 

C'est le cas du rosaire d'Asco.

 

A gauche les cinq mystères joyeux :

 

 

Au centre les cinq mystères douloureux :

     

 

A droite les cinq mystères glorieux :

 

 

Carli a réalisé plusieurs tableaux sur ce thème pour les églises corses : Bigorno, Campile, Omessa, Penta di Casinca, Prato di  Giovellina, Urtaca…

  

Le tableau d'Asco est en très bon état ; il aurait été restauré par le peintre Bassoul, un ami du maire de l’époque, Jean-Vitus Guerrini. A vérifier.

 

 

4) LE TABLEAU DE LA CRUCIFIXION

 

 

Ce tableau est intéressant et il attire le regard. Placé dans la sacristie, encastré dans le mur et maintenu sur un cadre scellé, sa place d'origine devait être dans l'église.

 

Oreste Tencajoli dans son ouvrage Eglises de Corse, parle d'un autel dédié à Saint Antoine situé dans la première chapelle latérale droite.

 

Etant donné ses dimensions et celles du retable au-dessus de l'autel de cette chapelle, ce tableau, selon Madeleine Allegrini, restauratrice, devait y être situé.

 

 

La Crucifixion dans la sacristie 2011
La Crucifixion dans la sacristie 2011
La Crucifixion - détails
La Crucifixion - détails

 

 

ME Nigaglioni l’attribue à Marc’Antonio de Santis

 

"peintre italien dont l’activité est attestée à Bastia dès 1647 nous dit l’auteur de l’Encyclopédie des peintres actifs en Corse (op.cit pp 49-52) : C’est l’un des peintres principaux de l’école bastiaise du XVIIè siècle, sa carrière, particulièrement longue (au moins 34 ans) fut productive (...)

      

Au centre, le Christ crucifié. Visage meurtri et douloureux, corps transpercé et ruisselant de sang, nudité svelte et blême, rompue par le pagne de pureté (le perizonium) drapé avec élégance, ce Christ traduit avec réalisme la fin tragique du fils de Dieu. 

 

Le sang qui coule de ses plaies est recueilli par des angelots nus dans des vases sacrés qui symbolisent le Saint-Graal.

 

  


 

 

 

 

 

 

 

A gauche, Marie éplorée et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix, reconnaissable à sa chevelure blonde.


 

 

A droite le moine barbu est Saint Antoine Abbé, qui porte d'une main le feu symbolisant le mal des ardents (ou feu de Saint-Antoine) qu'il était censé guérir, de l’autre le bâton en Tau (T) représenté aussi sur son habit au niveau de l’épaule gauche.

 

La restauration du tableau (voir ci-dessous) a permis de voir d'autres détails comme la clochette que portait Saint Antoine et qui lui permettait de rassembler les gens.

 

 

 

    

La présence de Saint Antoine abbé, peu courante dans ce genre de tableau, doit être mise en relation avec l'existence de la chapelle Saint Antoine, évoquée plus haut.

 

Au registre inférieur sont figurées les Ames du Purgatoire en attente d’être sauvées grâce aux prières et aux offrandes des vivants. De gauche à droite : un donateur au visage découvert (le prieur de la confrérie ?), des visages torturés, en pleurs ou en supplication et le buste d’un Pénitent blanc.

     

     

 

 

Le mot de ME Nigaglioni : "Il s'agit d'un tableau commandé par les confrères de la Sainte-Croix (les Battuti bianchi) dont l'un est figuré en donateur. Visage découvert c'est certainement le prieur de la confrérie".

 

PS : un devis, pour une restauration, concernant ce tableau a été, début 2014, transmis à la Collectivité Territoriale de la Corse (CTC).

 

Le tableau a été enfin remis à la restauratrice Madeleine Allegrini en 2018.

 

Voir page suivante, les étapes de la restauration de la Crucifixion