SAINT SEBASTIEN 2è PARTIE
Mise à jour septembre 2020
et février 2023
COPIES ET MODELES
Giovanni Bilivert (1585-1644), grand artiste florentin, a peint pour l'Oratoire Saint-Roch de Bastia une Vierge à l'Enfant adorée par Saint Roch, Saint Sébastien Saint Martin et Sainte Catherine.
Récemment restauré, il est splendide et a inspiré plusieurs oeuvres dans l'île. Certaines plus réussies que d'autres ... mais un inventaire est un inventaire !
La présence de St Sébastien s'explique : l'église lui était jadis consacrée.
Le peintre Pietr'Antonio Rossi, pour le tableau, ci-dessous, commandé en 1710 par le notable de Monticello, Francesco-Maria Orticoni, s'est inspiré du peintre italien Marco-Antonio Bassetti (peintre vénitien du XVIIe s.) par le biais de gravures comme celle du graveur flamand Egidius Sadeler.
Il Sodoma peintre italien du XVIe s. a inspiré quelques oeuvres en Corse :
"Seigneur vous avez posé sur la tête du martyr Sébastien une couronne de pierres précieuses et vous l'avez élevé dans les cieux"
L'oeuvre suivante a été souvent copiée aussi.
A Olmo, la gravure ayant été copiée par le peintre dans un miroir, la scène est inversée.
On reconnaît plusieurs modèles à San Nicolao di Moriani : l'Immaculée Conception de Pietro da Cortone, sans doute via la gravure de Claude Duflos 1665-1727 (original dans l'église Saint-Philippe de Pérouse) ; le Saint Michel de Raphaël (au musée du Louvre) et le Saint Sébastien de Hans von Aachen. (source mh)
Autre copie d'après Guido Reni (1575-1642)
FOCUS : Marc'Antonio De Santis (1647-1681)
Peintre originaire de l'Etat de Naples, Marc Antonio De Santis est l'un des principaux peintres de l'école bastiaise du XVIIè siècle.
Son oeuvre tient une place prépondérante dans l'histoire de l'école Corse. Son style est influencé par deux esthétiques : celle du maniérisme et celle du baroque.
(ME Nigaglioni, op. cit.)
Saint Sébastien "doublure" du Christ : corps presque nu, colonne ou arbre comme décor du supplice, blessures... les points communs ne manquent pas.
C'est ainsi que le Christ à la colonne de la peintre italienne Lavinia Fontana (1552-1614 ) conservé à Bastia a longtemps été confondu avec Saint Sébastien.
Les deux oeuvres ci-dessus ne sont certes pas de même facture. Mais le décor peint de Calcatoggio montre à l'évidence la figuration christique du saint lapidé.
L'oeuvre suivante vue à Gênes dans le Duomo confirme le propos : Sébastien est au pied de la croix avec Marie et saint Jean.
L'iconographie de Saint Sébastien
Pratiquement nu, hormis un pagne (perizonium) comme celui du Christ, attaché à un arbre ou une colonne, lardé de flèches, le corps suggestivement tordu, le visage enfantin ou mature, douloureux mais serein, les yeux levés vers l'au-delà.
Les artistes se complurent à illustrer une scène aussi "pittoresque". Le saint est alors représenté comme un bel éphèbe au corps nu ou quasiment nu et aux postures gracieuses voire suggestives.
Belle occasion pour les artistes de montrer leur talent par des nus aussi expressifs que des statues, voire de rivaliser avec l'antique.
Saint Sébastien devient de plus en plus musclé en même temps que la quantité de flèches tend à diminuer.
La toile du "maître des anges musclés" alias Giuseppe Ronchi, ci-dessus en témoigne ! On notera aussi la moustache chez Domenico Desanti et Francesco Grandi.
La période de la Renaissance et surtout l'âge baroque ont privilégié cette image.
Des effets militaires rappellent sa condition :
Camille Faggianelli dans son ouvrage sur les Peintures monumentales en Corse (cf Bibliographie), précise le sens des trois types de flèches de Saint Sébastien (Mantegna les a très bien représentées).
"Les flèches des impies (ceux qui n'ont pas la foi), les flèches de la peste et les flèches homoérotiques".
L'oeuvre ci-dessous réalisée au XVIIè s. va dans le sens de cette dernière interprétation. Ce jeune et bel éphèbe aux larmes qui roulent sur le visage, ressent l'extase, plus que la douleur du martyre.
Cette vision est sensible dans maintes oeuvres de cette époque (on pense à la transverbération de Sainte Thérèse par Le Bernin à Rome par exemple ou plus près de nous aux grandes saintes extatiques de Ernest Pignon-Ernest, "Extases, Les Mystiques").
Ainsi Saint Sébastien est devenu l'icône de la cause homosexuelle. Comme par le passé, Sébastien a été perçu comme le rempart de cette nouvelle peste qu'est le sida.
Des artistes contemporains s'emparent de son image à leur manière.
2017 : bella scuperta !
Michel-Edouard Nigaglioni nous informe que lors de la restauration de la chapelle Saint-Sébastien de Palasca en Balagne, sous le tableau d'autel actuel, oeuvre de Luiggi Brunetti au XIXe s., un tableau a été mis au jour.
M.E.N. l'a clairement attribué à Marc-Antonio De Santis, actif en Corse au XVIIe s. et que nous avons souvent évoqué ici.
Eric Brunetti qui pilote la remise en état de la chapelle et a fait appel au restaurateur Renato Boi, est l'auteur des clichés ci-dessous.
Dilemme... Que conserver ?
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Conclusion
Chaque année comme on l'a vu, on célèbre le saint ; son culte est vivace aussi dans les noms de famille (casate) : Sebastiani, Bastiani, Bastianini, Bastianacci ainsi que dans les prénoms.
Bien d'autres Saint-Sébastien sont présents dans les églises de Corse que nous connaissons (toiles, statues, fresques, bannières, reliquaires etc.)
La place manque, la qualité des photos aussi, voire celle des oeuvres très dégradées ou ayant souffert de méchants repeints ...
Mais elles existent et méritent d'être connues et préservées.