SAINT MICHEL ARCHANGE : 2ème PARTIE
Le justicier des âmes.
Saint Michel est aussi le justicier des âmes.
La balance qu'il tient à la main est le symbole de cette fonction qui consiste à peser l'âme du mort, la psychostasie. C'est lui aussi qui les guidera jusqu'au ciel (c'est son rôle de psychopompe).
On peut dire que Saint Michel est l'avatar de l'Hermès antique qui occupait un rôle analogue (cf Louis Réau, op.cit.).
L'image est explicite : dans l'un des plateaux, les âmes sauvées, sous la forme de petits sujets, se tiennent debout tendues vers le ciel ; dans l'autre plateau, les damnés tentent en vain de s'accrocher pour éviter la chute infernale.
Cette fonction était accomplie semble-t-il par n'importe quel archange jusqu'à devenir la tâche du seul Michel Ange. Difficile de mettre un nom sur l'ange qui tient la balance comme dans le tableau de Cateri qui figure plus bas.
Les deux fonctions de Saint Michel : le grand ponderator (« peseur ») et le milites dei (« soldat de Dieu ») sont souvent réunies en une seule et même image.
Une étude plus précise et historique des oeuvres montrerait l'évolution du motif de la balance, finalement réduite à un des attributs de Saint Michel ; ses plateaux sont souvent vides. Elle devient pur symbole et simple évocation du jugement dernier.
Comme chacun le sait la balance est devenue plus tard l'emblème de la Justice.
Cette image du Saint Michel Archange peseur des âmes est ancienne : les fresques qui ornent certaines chapelles pisanes corses en sont la preuve.
Ces fresques très anciennes sont plus ou moins bien conservées. Mais des travaux de restauration ont été entrepris pour certaines d'entre elles.
Nous renvoyons aux travaux de Joseph Orsolini, Camille Faggianelli et de Geneviève Moracchini-Mazel .
Dans les oeuvres qui illustrent l'Intercession de saints personnages en faveur des Ames du Purgatoire, Saint Michel peseur des âmes est souvent représenté, comme dans la toile de Giuseppe Badaracco (peintre génois du XVIIe s.) à Bastia dans l'Eglise Sainte-Marie et ses nombreuses copies à travers la Corse.
Dans son article : Peinture bastiaise et copies in Etudes corses n°44, p.105, Michel-Edouard Nigaglioni liste et analyse les copies du tableau de Badaracco à Sainte-Marie de Bastia. Il commente ce tableau dans l'Inventaire du patrimoine : la Peinture (Bastia, Direction du Patrimoine 2003).
Pour plus de détails sur ce peintre, voir l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse de M-E. Nigaglioni (op.cit. p. 47 sq) et son ouvrage Giuseppe Badaracco et la Corse, Editions Albiana, 2004
Voici quelques lignes de M.-E. Nigaglioni
Saint Michel est fêté le 29 septembre.
A Asco, en Haute-Corse, le curé vient au village célébrer la messe et organiser la procession. S'ensuit un banquet festif autour du four du village rallumé pour cette occasion.
Autrefois le droit de porter la statue du saint était mis aux enchères, mette u santu in gallica.
Comme le rapporte Pierre-Jean Luccioni dans Tempi fà, les fêtes religieuses 2, page 258 :
"le plus disant remporte le droit de prendre la place devant, à droite du saint ( a prima stanga) ; le deuxième moins disant prend la place devant à gauche (a seconda stanga) ; les deux autres se placent à l'arrière ..."
Cette coutume a été abandonnée à Asco mais elle persiste à Moltifao où le port de la statue de la Vierge, pour la fête du 8 septembre, est mis aux enchères.
Voir notre page sur La Nativité de la Vierge
La célébration de la Saint Michel a lieu dans de nombreux villages.
Saint Michel est aussi le saint patron de la Légion étrangère.
AUTRES OEUVRES DE SAINT MICHEL
Comment ne pas évoquer en conclusion un des monuments les plus visités au monde : le Mont Saint-Michel en Normandie ?
La légende rapporte que Saint Aubert, évêque d'Avranches avait été le témoin d'un combat entre l'archange Saint Michel et un dragon.
En 708 l’évêque reçut l'ordre de l'Archange de faire ériger sur le Mont Tombe, en Normandie, une église en son honneur.
Ainsi fut édifié le Mont-Saint-Michel, célèbre lieu de pèlerinage.